lundi 24 avril 2017

Trump, l’ALENA et les faits alternatifs : une crainte qui se concrétise



Dans le cadre de conférences portant sur l’agroalimentaire que j’ai présenté dans différentes provinces canadiennes, j’exprimais récemment des craintes concernant la réouverture de l’ALENA souhaité par le Président Trump. Ma principale crainte étant que Trump utilise une rhétorique reposant sur des faits alternatifs comme base de négociation. Force est de constater que mes craintes semblent se matérialiser. 

Si les commentaires du Président sur le bois d’œuvre, qui ne fait pas partie de l’ALENA, et de l’énergie canadienne (qui permet aux Américains de réduire leur dépendance énergétique envers des pays tiers hostiles), font sourciller; ses propos sur le secteur laitier dépassent tout entendement.
Trump affirme que « Ce que le Canada a fait à nos producteurs laitiers est disgracieux » en faisant allusion, nous croyons, au lait diafiltré. Le lait diafiltré est un ingrédient laitier qui peut toujours être importé sans aucun tarif au Canada et qui n’a pas un long historique d’échange US-Canada. Les producteurs laitiers canadiens ont simplement réduit leur prix, si bien que le produit canadien est maintenant plus intéressant pour les transformateurs laitiers canadiens, que le produit américain. Selon Trump, les producteurs laitiers canadiens n’auraient pas le droit de baisser leur prix sur le marché canadien pour des transformateurs canadiens qui vendent au Canada? Les commentaires de Trump font preuve d’une ignorance crasse et de raccourcis intellectuels qui sont maintenant sa marque de commerce.

Souhaitons que les négociateurs américains n’aient pas les mains liées par les propos et promesses farfelues de leur patron. Sinon, ce sont tous les Américains et les Canadiens qui vont perdre, sauf les Trump and Friends, bien entendu.

jeudi 7 avril 2016



Is it toothpaste out of the tube for enriched cage?

In February 2016, Egg Farmers of Canada announced that they were gradually phasing out conventional cage production systems. This makes sense, since large retailers[1] have recently indicated their intention to increase cage free eggs offering to eventually only selling these types of eggs. More importantly, big fast food companies such as Burger King, McDonald, Tim Horton and Cara Foods (Harvey’s, East Side Mario’s, Swiss Chalet, St-Hubert) are committed to using only cage free eggs by 2020 to 2025. 

Egg Farmers of Canada have not made the decision of banning all types of cages, but only battery cages.  Why is that? Because science is increasingly showing that enhanced cages are the best system for hens’ welfare. The enhanced housing system differs from battery cages by offering hens more space, allowing them to stretch their wings and move. These cages also include a nesting area, a perch and a scratching pad. This allows them to replicate some basic behaviours, but without the stress of potentially being pecked by several hundreds of hens. Mortality, cannibalism and injuries have been shown to be much less common in enhanced housing system when compared to the cage free system. 

Then why are big companies moving to cage free? Because it seems that this is what consumers want. In fact, consumers are blinded by the word cage according to a recent study lead by a team of researchers from the Egg Industry Economic Research Chair at Laval University. The team found that when presenting consumers with fictive names of housing system created by the researchers, with no other information, the three names out of twelves containing the word cage were by far the ones considered as the least likely to promote hen welfare. 

On the other hand, the researchers also found that when consumer were provided  additional information on the enriched cage system, they showed increased preference for these eggs relative to regular eggs.  Furthermore, the research suggests that consumers especially value the inclusion of nesting box and perch. 

In light of this information, it appears that under competitive pressures to please and attract consumers, large retailers and especially fast food chains are pushing farmers to move to cage free housing systems, although it might not be in the best interest of hens.
Are consumers being taking for a ride by big corporation? I would think so given that the alternative, enhanced housing system, has not been discussed and explained much. Moreover, cage free eggs are more expansive than enhanced eggs, the extra cost will eventually come from the consumers’ pocket. This might seem like nonsense, more expensive and not the best solution from an animal welfare point of view. 

Should someone tell consumers, inform and educate them on the subject? Some think not, as I was recently told by a senior lecturer of the Harvard Business School that if one believes that consumers need to be educated to make what one think is a better choices, then that person is on a tricky path to paternalism. 

I sometimes wonder if consumers are truly kings of their decisions. Especially when watching the many patrons at my local fast food joint, reading the headline of daily paper on epidemic level of obesity and type 2 diabetes while mindlessly sipping their morning coffee, with on the side, their soon to be cage free egg sandwich.


This blog reflects solely the opinion of the author

Maurice Doyon


[1] Fresh Market all cage free, Loblaw, Walmart, Costco and trader Joe’s will or have their private label cage free and want all eggs to be cage free by 2025, Sobeys and Metro have made similar commitment, while Whole Food is already 100% cage free.

mardi 25 août 2015



Le projet de Partenariat Transpacifique : les universitaires sont-ils trop complaisants?

Récemment le Président de l’UPA, M. Marcel Groleau accusait certains analystes du commerce international de manquer de rigueur. Force est de constater que concernant le projet de Partenariat Transpacifique, certains de mes collègues québécois et canadiens sont d’un très grand enthousiasme. 

Il va sans dire qu’il s’agit d’un projet ambitieux et d’importance. Toutefois, je me questionne également sur certains propos jovialistes du fait que nous avons bien peu d’informations avec lesquelles travailler, du moins pour l’instant. Je n’ai rien contre l’enthousiasme, notamment en ces temps difficiles dans les universités québécoises, austérité oblige nous dit-on. 

Il semble toutefois que certains collègues aient comme prémisse de départ que tout projet de libéralisation des échanges est nécessairement positif. Il ne resterait alors qu’à mesurer les gains. Comme universitaire, je trouve cette approche inquiétante puisque le chercheur se prive ainsi d’un univers de possibilités, soit celui des impacts négatifs. 

Cet optimisme incite logiquement à suggérer l’élimination des obstacles perçus, telle la gestion de l’offre en agriculture. Il est compréhensible que toutes personnes ayant un minimum de formation en économique soient réfractaires à la gestion de l’offre. En effet, cet outil limite la production à la demande qui existe, et ce, à un prix permettant aux producteurs de couvrir leurs coûts de production. De plus, pour que ce mécanisme fonctionne, le Canada doit limiter significativement les importations. 

À la lecture de cette courte description, la première réaction est que cela ne semble pas être une bonne affaire pour les consommateurs canadiens. N’y a-t-il pas d’ailleurs une pléiade d’études qui indique que les familles canadiennes économiseraient des centaines de dollars par an si ce système, qui semble d’une ère communiste, était simplement éliminé? Les producteurs, eux, en revanche expliquent que dans le marché laitier canadien il n’y a que trois grands acheteurs qui sont des multinationales, que ceux qui veulent nous vendre, notamment les Américains, sont subventionnés et que le prix d’un panier laitier canadien est souvent moins cher au Canada qu’aux États-Unis, surtout quand notre dollar est plus faible que celui des Américains.

La réalité est malheureusement fort complexe. Je constate néanmoins que la majorité des études qui nous promettent des économies à l’épicerie reposent sur deux hypothèses qui ont, disons-le, peu de sens. La première est que les produits laitiers seraient vendus au prix mondial, c’est-à-dire à un prix plus faible que celui aux États-Unis. La deuxième serait que chaque dollar de réduction du prix à la ferme serait un dollar de moins de payés par le consommateur. Ceci semble faire abstraction des marges des intermédiaires et du fait que de nombreuses études empiriques indiquent le contraire.
Effectivement, les produits laitiers sont généralement plus dispendieux au Québec qu’aux États-Unis. 

Toutefois, d’expliquer cet écart uniquement par la présence de la gestion de l’offre au Canada me semble réducteur. De façon exploratoire, en comparant les prix de deux supermarchés ayant un environnement similaire, je constate que de nombreuses denrées semblent plus chères chez nous. Les prix qui suivent datent de mars 2014 et indiquent que le bœuf haché maigre était 35% plus cher au Québec, les côtelettes de porc sans os (du Québec?) 135% moins dispendieux aux États-Unis, le Ketchup Heinz 86% plus cher au Québec et un Toyota Rav4 fait en Ontario coûtait 7000$ de plus au Québec (avant taxes). Prédire un prix de détail pour les produits laitiers suivant un démantèlement de la gestion de l’offre semble donc hasardeux. Toutefois, les données réelles et un minimum de connaissances des mécanismes de prix dans le secteur de l’alimentation invitent au scepticisme devant les économies promises. 

Il y a également lieu de se questionner à savoir pourquoi la gestion de l’offre a été mise en place dans un premier temps. Ce mécanisme est une réponse à des problèmes de marché qui existent encore aujourd’hui. L’analyse des secteurs sous gestion de l’offre ne peut se faire sur la base de quelques grands principes tirés du manuel d’économie de base, elle requiert une analyse économique plus fine. À cet effet, nous avons réalisé une étude sur la perception des économistes canadiens sur la gestion de l’offre[1]. Plus de 400 économistes de partout au pays ont participé. De ce nombre, 51% ont une opinion défavorable, 6% n’ont pas d’opinion et 43% ont une opinion favorable. Parmi les facteurs mesurés ayant le plus d’impact, notons le niveau de spécialisation, le niveau de connaissance appliquée de la gestion de l’offre et la vision de l’économie. Plus spécifiquement, plus un économiste a travaillé dans un secteur précis de l’économie (spécialisation), plus un économiste connaît les détails du mécanisme qu’est la gestion de l’offre et plus un économiste pense que des imperfections et des problèmes de marché existent (soit que le marché laissé à lui-même connaît souvent des ratés), alors plus les probabilités sont grandes que cet économiste soit favorable à la gestion de l’offre.

Ces résultats sont éloquents et font écho à l’économiste anglais Tim Harford qui dénonce le «God Complex» qui afflige certains économistes qui ont une opinion ferme sur un sujet qu’ils n’ont pas pris la peine de maîtriser. 

Prendre publiquement position sur un sujet tel le Partenariat Transpacifique est certainement le rôle des universitaires. Admettre les limites de nos analyses et considérer que nous puissions être dans l’erreur est, selon moi, à la base d’une démarche universitaire saine et crédible.

vendredi 16 janvier 2015

Comment les économistes perçoivent-ils la gestion de l’offre?



Comment les économistes perçoivent-ils la gestion de l’offre?

Extrait du mémoire de Julien Garneau sous la supervision des professeurs Maurice Doyon et Pierre Beaudoin

Motivation de l’étude
La motivation de l’étude provient du retour dans l’actualité du débat sur la gestion de l’offre. La signature de l’Accord Canada-Européen et les négociations du Partenariat Trans Pacifique remettent à l’avant-plan différents enjeux liés à la gestion de l’offre, notamment suivant la publication de nombreux rapports d’économistes défavorables à la gestion de l’offre. Bien que la couverture de presse soit importante, il semble s’agir de l’opinion d’un groupe restreint, mais vocal.  Cette couverture de presse reflète-t-elle l’opinion des économistes au Canada? Cette opinion est-elle homogène, majoritaire? Quels sont les éléments clés qui permettent la formation de cette opinion?


Objectifs de l’étude
L’objectif de l’étude et de déterminer comment les économistes perçoivent le système de gestion de l’offre, notamment dans le secteur laitier canadien. Plus spécifiquement de :

1)      Sonder les économistes canadiens pour obtenir leur perception sur la gestion de l’offre (large échantillon, pas nécessairement représentatif);

2)      Créer une typologie d’économistes selon leur perception vis-à-vis de la gestion de l’offre;

3)      Identifier les prémisses et variables qui motivent l’attitude et l’opinion des économistes concernant la gestion de l’offre.



Étapes méthodologiques
Pour répondre aux objectifs, l’étude se divise en 4 étapes:

1)      Une revue de littérature exhaustive pour répertorier les arguments favorables et défavorables à la gestion de l’offre et détailler les points qui soutiennent ces arguments. De plus, la revue de littérature explore les études économiques ayant sondé l’opinion de professionnels afin de bonifier notre cadre analytique et méthodologique

2)      Réaliser des entrevues semi-dirigées (17) avec des économistes pour discuter de la gestion de l’offre. Les entrevues ont un canevas de base pour s’assurer que les points importants soient discutés. Toutefois, les questions sont ouvertes et les répondants ont la latitude de discuter comment ils perçoivent la gestion de l’offre en général et dans le secteur laitier canadien.

3)      Construire et administrer un questionnaire avec un grand volume de répondants.  Le questionnaire s’inspire de la science des méthodes d’évaluations et comprend des questions de type fermé. Le questionnaire vise à recenser une variété d’opinions auprès d’un grand nombre d’économistes, et non pas une représentativité statistique. Plus de 2000 économistes canadiens ont été contactés et plus de 400 ont complété le questionnaire.
 
4)      Analyser les résultats du questionnaire avec différentes approches épistémologiques et statistiques, notamment des analyses descriptives, factorielles et économétriques (Logit). Des typologies ont été développées sur la base des perceptions des économistes vis-à-vis de la gestion de l’offre dans le secteur laitier canadien.

Le questionnaire
Le développement du questionnaire a été effectué à partir des 17 entrevues semi-dirigées et des résultats de la revue de la littérature. Il a fait l’objet de nombreux prétests et de discussions avec l’équipe de sondeurs professionnels qui a administré le sondage. Les questions peuvent être regroupées en cinq sections.

1)      Connaissance perçue de la gestion de l’offre : Cette section vise à déterminer les sources d’informations et à mesurer le niveau de connaissance perçue que les économistes ont de la gestion de l’offre.

2)      Opinion d’économie générale : Cette section à vise connaître la vision et/ou philosophie économique des économistes pour des sujets généraux.

3)      Opinion d’économie agricole : Cette section vise à connaître la vision et/ou philosophie économique des économistes pour des sujets agricoles. En effet, certains économistes peuvent avoir une vision différente de l’économie agricole (exception agricole).

4)      Opinion sur la gestion de l’offre : Cette section vise à connaître différents éléments de perceptions concernant la gestion de l’offre dans le secteur laitier canadien.

5)      Caractéristiques reliées à l’expertise : Cette section vise à recenser les éléments clés reliés à l’expertise des économistes et le type de travail qu’ils font.

Cadre analytique et/ou théorique
L’étude utilise deux cadres analytiques pour investiguer la perception des économistes vis-à-vis de la gestion de l’offre.

1)      Théorie économique : La présente étude considère que les économistes, par définition, utilisent la théorie économique comme outil analytique. Toutefois, le degré d’application de certaines prémisses intrinsèques à la théorie et l’intégration de la nouvelle économie dans la théorie néoclassique est la principale source de différentiation des économistes.


2)      L’attitude et l’opinion : Pour investiguer les perceptions des économistes vis-à-vis de la gestion de l’offre, le concept d’attitude et d’opinion ont été emprunté à la psychologie pour créer des instruments de mesure qui vise à connaître ce que les économistes pensent et perçoivent de la gestion de l’offre. Dans le cadre de la présente étude, l’attitude est associée à une échelle qui mesure à quel niveau un économiste est favorable à différents énoncés associés à la gestion de l’offre. L’opinion quant à lui correspond au fait d’être en accord ou en désaccord avec la gestion de l’offre.


Variables indicielles (scores)
À partir des résultats aux questions provenant des cinq sections, six variables indicielles sont créées aux fins de l’analyse.

·         Le score de connaissance perçue;
·         Le score d’hétérodoxie économique générale;
·         Le score d’hétérodoxie économique agricole;
·         Le score d’attitude envers la gestion de l’offre;
·         Le score de l’attitude envers le soutien de la multifonctionnalité;
·         Le score du niveau de connaissance appliquée envers la gestion de l’offre.


Analyse descriptive
L’analyse descriptive présente et résume les caractéristiques de l’échantillon. Tout d’abord, l’échantillon est composé de 427 économistes de partout au Canada. Nous comptons toutefois une possible surreprésentation d’économistes québécois et d’économistes du monde académique. Parmi les répondants, 43% favorables à la gestion de l’offre, 51% sont défavorables et 6% n’ont pas d’opinion sur le sujet.

Le tableau 1 présente les caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon. Nous constatons que l’échantillon se compose à 77% d’homme, que les Québécois comptent pour près de la moitié de l’échantillon, qu’en moyenne les économistes questionnés ont 23 ans d’expérience de travail, que 43% ont un doctorat et que plus du tiers (39%) ont un diplôme en agroéconomie.

Tableau 1 : Variables sociodémographiques de l’échantillon
Variables sociodémographiques
% ou années
Expérience
23 ans


Agroéconomiste
39%


Académique
44%


Macroéconomiste
33%


Dernier diplôme baccalauréat
22%
Dernier diplôme maîtrise
35%
Dernier diplôme doctorat
43%


Féminin
23%


Colombie-Britannique
7%
Ouest
12%
Ontario
32%
Québec
47%
Atlantique
3%

Typologie d’économistes
L’analyse des résultats a permis d’identifier 5 typologies d’économistes quant à leur perception  vis-à-vis de la gestion de l’offre. Notons qu’une typologie a également été créée par défaut pour les participants qui ont essentiellement répondu de façon neutre à la majorité des questions. Ce groupe porte donc, à juste titre, celui des sans opinion. 


1)      Libéral Théorique (LT): Le libéral théorique représente 24% de l’échantillon et a une opinion défavorable envers la gestion de l’offre. Il est orthodoxe d’un point de vue d’économie générale et agricole.  Il a une attitude négative envers la justification d’intervention du gouvernement pour des raisons de multifonctionnalité agricole. Selon lui, il n’y a pas lieu d’intervenir puisqu’il n’y a pas de problème de marché. Plus spécifiquement :
  • Forte connaissance perçue, mais la plus faible connaissance appliquée de la gestion de l’offre;
  •  La plus forte proportion de généralistes, la plus faible proportion de femmes et les économistes les plus âgés de l’échantillon;
  • Faible proportion d’agroéconomistes avec 25% versus 39% (échantillon);
  • Forte proportion d’académiques avec 64% comparativement à 44% (échantillon);
  • Faible proportion de Québécois avec 30% comparativement à 47% (échantillon);
  • Le plus faible pourcentage d’experts du secteur laitier, 6% comparativement à 13% pour l’échantillon total.




2)      Libéral Pragmatique (LP) : Le libéral pragmatique représente 17% de l’échantillon et a une opinion défavorable envers la gestion de l’offre. Il est orthodoxe d’un point de vue d’économie générale, mais il est hétérodoxe d’un point de vue agricole (exception agricole). Il a une attitude négative envers la justification d’intervention du gouvernement pour des raisons de multifonctionnalité agricole. Selon lui, si la gestion de l’offre est éliminée, elle devra être remplacée par un autre mécanisme. Plus spécifiquement :
  • Faible connaissance perçue et appliquée de la gestion de l’offre;
  • Faible proportion d’agroéconomistes avec 24% par rapport à 39% (échantillon) et forte proportion de généralistes;
  • Proportion élevée d’académiques avec 52% comparativement à 44% (échantillon);
  • Plus faible proportion de Québécois avec 35% comparativement à 47% (échantillon) et la plus forte proportion d’Ontariens (41%);
  • Le plus faible pourcentage d’experts du secteur laitier, 6% comparativement à 13% pour l’échantillon total.



3)      Cynique (C) : Le cynique représente 10% de l’échantillon et a une opinion défavorable envers la gestion de l’offre. Toutefois, il est hétérodoxe d’un point de vue économie générale et agricole. Il a une attitude négative envers la justification d’intervention du gouvernement pour des raisons de multifonctionnalité agricole. Selon lui, les problèmes de marchés existent, mais l’intervention gouvernementale n’est pas souhaitable. Plus spécifiquement :
  •  La plus faible connaissance perçue de la gestion de l’offre, mais bon niveau de connaissance appliquée;
  • La plus faible proportion d’agroéconomistes avec 18% par rapport à 39% (échantillon);
  • La proportion la plus élevée d’académiques avec 78% comparativement à 44% pour l’échantillon total, mais forte proportion de spécialistes;
  • Forte proportion d’hommes avec 87% par rapport à l’échantillon (77%);
  • La plus faible proportion de Québécois avec 27% comparativement à 47% (échantillon);
  • Le pourcentage d’experts du secteur laitier  est de 7% comparativement à 13% pour l’échantillon total.




4)      Interventionniste pragmatique (IP) : L’interventionniste pragmatique représente 26 % de l’échantillon et a une opinion favorable sur la gestion de l’offre. Il est orthodoxe d’un point de vue d’économie générale, mais hétérodoxe du point de vue de l’économie agricole. Il a une attitude positive envers la justification d’intervention du gouvernement pour des raisons de multifonctionnalité agricole. Selon lui, si la gestion de l’offre est éliminée, elle devra être remplacée par un autre mécanisme. Plus spécifiquement :
  • La plus forte (ex aequo) connaissance perçue et forte connaissance appliquée de la gestion de l’offre;
  • La plus forte proportion d’agroéconomistes avec 60% par rapport à 39% (échantillon), forte proportion d’économistes spécialistes, forte proportion de jeune et de femme;
  • La plus faible proportion d’académiques avec 17% comparativement à 44% (échantillon);
  • La plus forte proportion de Québécois avec 65%  (ex aequo) comparativement à 47% pour l’échantillon total et plus faible proportion d’Ontariens (25%);
  • Le pourcentage d’experts du secteur laitier est de 22% comparativement à 13% pour l’échantillon total.
   
5)      Interventionniste (I) : L’interventionniste représente 18% de l’échantillon et a une opinion favorable à la gestion de l’offre Il a une attitude positive envers la justification d’intervention du gouvernement pour des raisons de multifonctionnalité agricole.  Selon lui, si la gestion de l’offre est éliminée, elle devra être remplacée par un autre mécanisme. Plus spécifiquement :
  • La plus forte (ex aequo) connaissance perçue et appliquée de la gestion de l’offre;
  • Forte proportion d’agroéconomistes avec 59%  et la plus forte proportion d’économistes spécialisés;
  • Faible proportion d’académiques avec 28% et la plus forte proportion de jeunes économistes et de femmes avec 39% par rapport à l’échantillon total avec 23%;
  • La plus forte proportion de Québécois avec 65%  (ex aequo) comparativement à 47%;
  • Le pourcentage d’experts du secteur laitier  est de 23% comparativement à 13% pour l’échantillon total.



6)      Sans Opinion (SO) : Le sans opinion représente 5% de l’échantillon et n’a pas d’opinion sur la gestion de l’offre. Il tend à répondre au milieu des échelles de Likert pour les différents énoncés. Il n’y a donc pas de tendances qui se dégagent. Plus spécifiquement :


Les facteurs qui affectent l’attitude envers la gestion de l’offre sont donc :


L’interprétation des résultats du modèle Logit qui nous donnent les effets marginaux des variables sur l’opinion envers la gestion de l’offre.

Variables significatives avec un impact significatif

·         Augmenter l’orthodoxie économique agricole d’un point (sur 7) réduit de 17% la probabilité d’être favorable à la gestion de l’offre. C’est la variable qui a le plus d’impact.

·         Augmenter l’attitude envers l’intervention du gouvernement pour la multifonctionnalité agricole d’un point (sur 7) augmente la probabilité de 16% d’être favorable à la gestion de l’offre.

·         Augmenter la connaissance appliquée de la gestion de l’offre d’un point (sur 7) augmente de 13% la probabilité d’être favorable à la gestion de l’offre.

·         Être dans le milieu académique réduit de 15% la probabilité d’être favorable envers la gestion de l’offre.

·         Être un agroéconomiste augmente de 18% la probabilité d’être favorable à la gestion de l’offre.

Discussion-Conclusion
Cette étude nous permet de constater que bien que l’opinion concernant la gestion de l’offre soit dichotomique (favorable ou défavorable), les attitudes et variables sous-jacentes à cette opinion ne sont pas homogènes. Nous arrivons ainsi à définir cinq typologies d’économistes selon leur opinion et attitude envers la gestion de l’offre (3 défavorables et 2 favorables).
Parmi les variables qui affectent l’opinion sur la gestion de l’offre nous notons
  • §  L’orthodoxie économique agricole
  • §  L’attitude envers la multifonctionnalité agricole
  • §  La connaissance appliquée de la gestion de l’offre
  • §  Être dans le milieu académique
  • §  Être un agroéconomiste